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Quality Journalism in the Digital Age

Mali : Liberté de la presse ménacée

Les journaux mailiens après le coup d'état

Le Mali est passé pendant longtemps pour un modèle de démocratie et de liberté de la presse en Afrique de l’Ouest. Les populations avaient à leur disposition près de 40 journaux et plus de 150 stations de radio comme sources d’information. Mais depuis le coup d’Etat en mars dernier et l’occupation du Nord par les islamistes, les entraves à la liberté d’information sont fréquentes aussi bien au sud qu’au Nord du pays.

Au début du mois de juillet, le journaliste Abdramane Keita, rédacteur en chef du journal «l’Aurore», a été battu et dépouillé par des hommes armés dans la ville de Bamako. Selon le journaliste il est difficile de dire qui se cache derrière cette agression: «Je ne peux pas dire avec exactitude l’identité des gens qui m’ont agressé, mais selon toute apparence, ce sont des gens en armes. Ils donnaient l’impression d’appartenir aux structures des forces de sécurité. Il m’ont dit que nous perturbons le pays en me maltraitant».

Saouti Labass Haïdara, directeur de publication du journal L’indépendant a subi le même sort. Il a été enlevé mi-juillet à Bamako en présence du personnel du journal par des hommes armés.

Désormais les journalistes font donc attention aux informations qu’ils publient sur les putschistes. «Il y a des soldats un peu partout à Mopti. Si une radio ose publier quelque chose contre eux, ils détruisent non seulement la radio mais aussi ils agressent les responsables. Par conséquent on est obligé de fermer les yeux sur certaines informations. C’est la situation actuelle ici», témoigne Mamadou Bocoum, directeur de la radio Kaourala Mopti.

Locaux de médias détruits

Le 22 mars dernier, pendant que des  journalistes maliens prenaient part à un séminaire de formation organisé par la DW Akademie, les militaires s’emparaient du pouvoir. Même si la junte militaire a aujourd’hui remis le pouvoir aux civils, elle participe toujours à la gestion du pays à côté du gouvernement de transition. Dans cette mêlée les journalistes sont inquiétés et la liberté de presse en prend un coup au sud du Mali.

Ibrahima Ly, journaliste à la radio Ménaka

Dans le nord du pays, tombé aux mains de groupes islamistes armés, la situation est encore grave. Au début du mois d’Août Malick Aliou Maïga de la Radio Adar Khoïma à Gao, a été battu par des hommes du groupe islamiste MUJAO, jusqu’à ce qu’il perde connaissance. La couverteure médiatique d’une manifestation locale aurait poussé les rebelles à attaquer le studio de la radio – une attaque servenue au moment où le journaliste présentait une émission en direct.

La Radio Ménaka, également situé dans la région de Gao, a été aussi la cible d’attaque. Ibrahima Ly, travaillait encore dans cette radio avant l’invasion de la région par les groupes rebelles: «Ils ont saccagé les locaux de la radio, ils ont tout emporté, même le récepteur de la radio, les chaises et les tables».

L’information de «bouche en bouche»

Certaines radios continuent d’émettre. Seulement le programme est imposé par les rebelles qui interdisent les émissions qu’ils jugent tabous, telle que la musique. Beaucoup de radios sont devenus leurs instruments de propagande, comme l’explique Daouda Mariko, président de l’Union des radiodiffusions et Télévisions libres du Mali : «Quand ils ont des avis, des messages à passer, même si la radio est fermée, ils vont chercher les responsables de la radio pour qu’ils viennent ouvrir. Et généralement ils commencent par la lecture du coran.»

La partie rayée est la zone occupée par les islamistes

Selon Mariko, les habitants du nord Mali sont complètement coupés de l’information par les ondes. Toutefois, la population a trouvé un autre moyen pour s’informer, comme le fait remarquer Ibrahima Ly, journaliste à la radio Ménaka: «A chaque fois qu’il y a de nouveaux développements dans l’actualité, les associations de jeunesse les font circuler de bouche en bouche. Elles organisent des réunions au cours desquelles elles informent les gens».

Le contrôle des programmes en ondes coutres des radios internationales, comme la Deutsche Welle, la BBC, RFI et la voix de l’Amérique, échappe cependant aux islamistes. Les chaînes internationales constituent donc une petite chance d’accès à l’actualité pour la population du Nord.

Auteur : Christine Harjes
Traduction : Eric Segueda

Date

Friday 2012-08-10

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